Les tasses à travers les âges : un voyage entre tradition et modernité

Selon le dictionnaire de L’Académie française, le terme « tasse » apparaît au XIVe siècle, ce qui coïncide avec la période où le commerce avec la Méditerranée orientale se développe. Il serait emprunté au persan « tast » qui signifie tasse et soucoupe par l’intermédiaire de l’arabe « tasa ». Toutefois, son usage est resté rare jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

Les premiers récipients servant à recevoir des liquides remontent à la préhistoire. Ils sont fabriqués avec de la terre cuite et souvent moulés à la main. Ces objets sont caractérisés par leur fonctionnalité plutôt que par leur esthétique. Puis, durant l’Antiquité, les techniques de poterie se développent ; les Égyptiens, les Grecs et les Romains commencent à produire des contenants plus sophistiqués avec des motifs gravés ou peints. Ils sont la démonstration d’un souci d’ornementation, mais également d’une symbolique liée aux croyances et coutumes locales.

On peut citer deux découvertes insolites :

• une tasse avec une anse cylindrique réalisée en poterie, repérée en Chine et datant de la période néolithique ;
• des crânes humains utilisés comme tasses sur plusieurs sites du Néolithique dans le sud de l’Espagne.

La dynastie Tang (618 - 901 apr. J.-C.) est marquée par un essor culturel remarquable. Le thé, qui était jusque-là reconnu comme une boisson uniquement médicinale, commence à être apprécié pour son goût. Ainsi, le livre The Classic of Tea de Lu Yu est à l’origine de l’augmentation importante de la consommation de ce breuvage qui entre dès lors dans la vie quotidienne de gens de toutes les classes sociales.

Puis l’élégance et la durabilité de la porcelaine, deux qualités associées à des techniques de décoration comme l’émaillage ou la peinture sous couverte, permettent de créer des tasses raffinées qui sont réservées aux élites. Ces tasses accompagnent souvent les cérémonies du thé, une tradition qui s’étend à travers l’Asie.

L’Europe est dès lors fascinée par la porcelaine chinoise, mais son coût est élevé en raison des frais de transport. C’est ainsi qu’au tout début du XVIIIe siècle, un alchimiste allemand Johann Friedrich Böttger commence à collaborer avec le scientifique Ehrenfried Walther von Tschirnhaus. Ensemble ils parviennent à percer le secret de la formule de la porcelaine (l’or blanc), ce qui permet à Frédéric Auguste II, dit le Fort, électeur de Saxe et roi de Pologne, de fonder la « Manufacture de porcelaine polonaise royale et princière de Saxe ». Cette première manufacture de porcelaine en Europe est située à Meissen en Allemagne. Le roi de Pologne peut enfin laisser libre cours à sa fascination pour les céramiques fines d’Extrême-Orient.

Au début, les premiers objets produits sont essentiellement des copies ou des arrangements de décors provenant des importations chinoises. Puis, on voit apparaître des services à thé dans un style européen, avec des motifs comme les « Fleurs allemandes » ou « La Fleur éternelle ».

Pendant ce temps, en France, sous le règne de Louis XV, un atelier de porcelaine tendre s’ouvre à Vincennes en 1740, sous l’influence de Madame de Pompadour. Il faudra attendre l’année 1771 pour que la manufacture de Sèvres parvienne à fabriquer une porcelaine dure. Dès lors, elle a pour objectif d’égaler la qualité de la porcelaine de la manufacture de Meissen et d’atteindre le rang de chef de file.

Les tasses produites par ces deux manufactures deviennent rapidement des symboles d’un certain statut social jusqu’à l’âge industriel.

Avec l’avènement de la révolution industrielle au XIXe siècle, les tasses sont produites en masse grâce à la mécanisation. Cela permet une baisse des coûts, donc une accessibilité accrue, ce qui rend ces objets du quotidien disponibles pour toutes les classes sociales. Les motifs imprimés remplacent progressivement les décors peints à la main, tandis que des styles variés répondent à une demande toujours croissante.

Dans le courant du XXe siècle, les tasses deviennent un terrain de jeu pour les créateurs modernes. Les matériaux évoluent avec l’apparition du verre trempé, du métal, et plus récemment, des composites écoresponsables. Les formes et les styles reflètent les courants artistiques de chaque époque :

• les années 1920 et l’Art déco avec des motifs géométriques et audacieux ;
• les années de l’après-guerre (1950/1960) avec le design scandinave, privilégiant la simplicité, les tons neutres et l’ergonomie ;
• depuis quelques années, on assiste à l’arrivée massive des mugs avec une nette tendance à l’écologie et aux messages gravés.

Aujourd’hui les tasses sont devenues des symboles de convivialité, de confort et d’identité. Chaque culture s’approprie cet objet selon ses propres traditions (bols japonais pour le matcha ou tasses anglaises en porcelaine fine pour déguster le thé).

De plus, avec la prise de conscience des enjeux environnementaux, on assiste à un fort attrait pour les matériaux durables ou biodégradables, en cas d’usage unique.