La céramique se décline en trois types : la faïence (céramique à base d’argile), la porcelaine (céramique fine et translucide à base de kaolin) et le grès (céramique à base d’argile avec une surface vitrifiée). Les plats en céramique occupent une place unique dans l’art culinaire, alliant fonctionnalité et esthétique. Depuis des millénaires, la vaisselle en céramique accompagne les repas et reflète les traditions culturelles et sociales des civilisations. Utilisés à la fois comme contenants pour la préparation et supports pour la présentation des mets, les plats en céramique témoignent d’un savoir-faire artisanal qui a su traverser les époques.
Plats en céramique et art culinaire : une alliance constante au fil des siècles
Les origines des plats en céramique : une invention millénaire
Les premiers objets fabriqués en céramique remontent au paléolithique supérieur (entre 45 000 et 10 000 ans av. J.-C). Il s’agissait alors d’éléments non utilitaires, souvent des figurines en terre cuite telles que la Vénus de Dolní Věstonice qui est considérée comme l’objet en terre cuite le plus ancien dans le monde.
Malgré cette découverte, les archéologues situent la réelle apparition des premières poteries à la période néolithique, soit il y a environ 10 000 ans. À cette époque, l’homme a commencé à se sédentariser et l’on a constaté une évolution d’une population de chasseurs-cueilleurs vers celle d’éleveurs-agriculteurs. L’alimentation était essentiellement végétale et les humains avaient besoin de récipients pour conserver les grains et pour consommer les bouillies de céréales qu’ils confectionnaient. Les poteries étaient séchées au soleil et ce n’est que vers 8 000 ans av. J.-C. que les premières poteries cuites au feu sont apparues. La céramique présentait un progrès majeur, car elle permettait de créer des récipients imperméables qui pouvaient aller au feu. Elle participait aussi à la naissance d’une identité culturelle, les potiers de l’époque respectant les traditions de leur groupe.
Petit à petit, les potiers ont commencé à utiliser la technique du colombin (un cylindre d’argile entouré sur lui-même pour constituer un volume creux). Puis ils ont ajouté des anses, ce qui facilitait la préhension des bols, jarres ou grands plats. Les ustensiles en céramique étaient aussi décorés, en utilisant la gravure ou l’ajout d'objets comme des coquillages ou des épis de blé.
Un essor spectaculaire grâce à l’invention du tour de potier
L’invention du tour de potier par les Égyptiens au IIIe millénaire av. J.-C a marqué un tournant dans l’évolution de la céramique. Ce dispositif a permis de fabriquer des objets parfaitement circulaires. La première étape consistait à placer les colombins sur le tour et à les modeler manuellement, puis le tour était mis en mouvement par le potier qui pouvait ainsi affiner la pièce qu’il travaillait en utilisant la pression de ses mains.
Un développement remarquable à partir de l’âge du bronze
La poterie se développe avec la création d’une large gamme d’ustensiles de cuisine et de vaisselle. Ce sont de grandes jarres, des marmites, des assiettes, des cruches… dont la qualité de la finition a fait naître une hiérarchie sociale. Les formes et les décorations continuent d’évoluer, toujours influencées par les savoir-faire locaux. On retrouve ainsi des gobelets dits « Campaniforme », qui sont caractérisés par la présence de bandes horizontales, du sud de l’Europe jusqu’en Écosse. Au début du IIe millénaire, ces gobelets furent mis en œuvre aux Pays-Bas et au Danemark.
À la fin de l’âge du Bronze, les céramiques décorées présentent des cannelures légères, puis elles sont ornées de motifs gravés et elles se répandent dès lors sur une partie de l’Europe continentale. En Chine, sous la dynastie Tang, on assiste à une avancée primordiale dans le travail de la céramique qui va influencer les pratiques mondiales. À partir du Moyen Âge, les potiers commencent à produire des assiettes, des bols et des plats de plus en plus raffinés qui prennent place dans les banquets seigneuriaux. Enfin, vers la fin du XVe siècle, l’Italie devient un centre majeur de la céramique culinaire, notamment grâce aux majoliques, des faïences dites à « décor à grand feu sur émail cru ». Ces objets agrémentés de couleurs vives sont présents lors de repas festif en raison de leur fonctionnalité et de leur esthétique.
La céramique à l’ère industrielle
L’introduction de machines a permis de produire en masse des plats standardisés en céramique, réduisant ainsi leur coût et les rendant accessibles à une population plus étendue. Des techniques telles que l’émaillage ont nettement amélioré leur résistance et leur facilité d’entretien.
La céramique dans la cuisine moderne
L’engouement pour l’artisanat et les matériaux durables a grandement renforcé l’intérêt pour la céramique qui reste un matériau incontournable dans la cuisine, tant pour la cuisson que pour l’esthétique. En effet, les plats en céramique permettent une cuisson douce et homogène des aliments, tout en diminuant l’utilisation de matières grasses. L’esthétique minimaliste et la personnalisation de la céramique en font un support prisé dans l’art de la table. C’est ainsi que de nombreux chefs étoilés optent pour des assiettes en céramique artisanale afin de sublimer la présentation de leurs créations culinaires. Des designers contemporains expérimentent des formes audacieuses, des textures originales et de nouvelles techniques de coloration.
De l’Antiquité à nos jours, les plats en céramique n’ont pas cessé d’évoluer au fil du temps. À la croisée de l’art, de l’artisanat et de la gastronomie, ces objets témoignent d’un lien profond entre les traditions culinaires et les avancées humaines.
Article rédigé par
PEUGEOT